André Cira est né à Pau. Diplomate de carrière, il a commencé à peindre en autodidacte au début des années 1970.

Après avoir privilégié d'abord l'encre de Chine, la gouache et les techniques mixtes dans des compositions d'inspiration constructiviste, il s'est progressivement orienté vers une peinture plus libre sous l'influence des peintres abstraits de l'École de Paris, utilisant de préférence l'acrylique et des matériaux puisés dans son environnement au fil de ses voyages (écorces de bois, résidus de peintures de bateaux, tissus, papiers, cartons, cordages…).

Son œuvre, imprégnée des différentes cultures des pays où il a vécu (en Afrique comme en Amérique latine), évoque l'usure du temps, les accidents de la vie, le chant des couleurs et l'harmonie retrouvée. Ses photographies en sont comme l'effet miroir.

André Cira est membre correspondant de l'Académie brésilienne des Arts. Il se consacre aujourd'hui entièrement à son art et expose régulièrement en France et à l'étranger depuis 1977. Il vit et travaille entre le Brésil et sa ville natale de Pau.

Regards critiques

Portrait d’André Cira en peintre-diplomate

Si la figure de l'écrivain-diplomate est apparue depuis une éternité dans la vie et les romans, allant jusqu'à se faufiler dans les thèses et les colloques internationaux, celle du peintre-diplomate attendait son heure. Et ç'aurait été à André Cira d'en fonder la lignée! Pas sûr que l'intéressé en soit ravi, lui qui a toujours tenu à soigneusement séparer son métier et son activité de création ! Et pourtant sa peinture n’aurait sûrement pas été la même s’il n’avait pas exercé ce métier de diplomate avec l’infinie curiosité, la boulimie même, que cet état requière pour prendre un sens.

Quand on parcourt les pages du présent site, on doit constater qu’André Cira est né de père inconnu, picturalement parlant s’entend. Certes, il a fréquenté le monde de l’art contemporain dans son extrême diversité, et son œuvre porte la marque de bien des influences. Mais dès le départ, cet autodidacte absolu a tracé son propre sillon, et depuis lors il n’a jamais cessé d’inventer et réinventer sa trajectoire.

En vérité, les seuls géniteurs identifiables du peintre sont les diverses provinces du monde où il a séjourné. Minuscules ports de pêche brésiliens, inextricables forêts mayas ou angolaises, villages troglodytes du Sahara tunisien, peaux noires ou cuivrées, tatouages et bijoux de trois continents…, telles ont été les semences qui l’ont fait.

Immergé corps et âme dans les lieux qu’il sillonnait, André Cira n’a cessé de se gorger de paysages et de ciels, d’écouter les vents et les eaux, d’épier les visages. Infatigable, il a ramassé bois flottés, pierres étranges, textiles flamboyants, craquelures et rognures de toutes sortes. Et sur ses toiles comme dans ses sculptures, inlassablement il a transmué ses découvertes en signes lisibles par tous.

Une démarche pas si différente de celle du diplomate, du moins de ceux, pas si nombreux, qui méritent ce nom. D’abord une porosité de tout l’être pour butiner le monde forcément exotique où il se trouve débarqué, puis un effort méthodique pour rendre compte de cette moisson de façon signifiante à ceux qui l’ont expédié en ces lieux.

Autodidacte en peinture, André Cira l’était aussi en diplomatie. Sourire aux lèvres, ne manquant pas de culot et d’humour, il a inventé une pratique très personnelle du métier. Jamais pris en défaut sur le plan professionnel, il n’en a pas moins fort peu fréquenté les lieux où ses collègues trainent habituellement leurs guêtres. Il a préféré sillonner les mers, les villages perchés et les fêtes populaires, sans même se douter qu’il accumulait des trésors d’images et de perceptions qui le moment venu se glisseraient dans son œuvre.

Certes, il est depuis toujours une peuplade de diplomates qui ont tenu, tiennent ou tiendront un pinceau. La plupart d’entre eux peignent le dimanche, le meilleur jour comme l’on sait, ou bien ils copient Utrillo ou Zao Wou-Ki. Pourquoi pas après tout ! Y en a-t-il d’autres qui, comme André Cira, ont créé une œuvre réellement singulière ? Des peintres-diplomates, quoi ! Sûrement, mais qui, où et quand ? Beaux sujets en perspective pour thèses, colloques et romans, qui nous changeraient des sempiternels discours sur les écrivains-diplomates !

Rassurons-nous, ces moments de bonheur académique viendront forcément un jour ! En attendant, le créateur dont on voit dans ce livre quelques-unes des œuvres éclatantes de lumière et de vie mérite notre attention, mais aussi notre reconnaissance parce qu’il nous donne à respirer à pleins poumons un air qui n’appartient qu’à lui.

Marc Bressant, Écrivain-diplomate

Rien de plus construit que ces formes abstraites, architecturées, structurées, pour y faire pénétrer le réel. Le désordre est intérieur, sous-jacent, il bouillonne : c’est celui de la vie. L’artiste se retrouve face à ses doutes et l’homme face à lui-même. Mais si, dans ces « morceaux » de peinture qui sont de véritables morsures, André Cira exprime cette fragilité de l’être qui s’efforce de tenir debout, il en souligne dans le même mouvement les élans de liberté et leur force. Et l’émotion, puissante, naît alors de ces formes colorées.

Edouard Dor, Essayiste

André Cira a trouvé une façon de faire reculer l'espace en le composant qui relève du mystère où les explorations du Nouveau Monde plongèrent les Européens ( …) Visionnaire qui expose aux visionnaires, André Cira est l'un des maîtres des écluses de la peinture d'aujourd'hui.

Yves Berger, Écrivain et éditeur

André Cira transforme en métal précieux chaque matériau, chaque objet qu'il rencontre et touche de ses mains. Chacune de ses œuvres, innovante, harmonieuse, dense, est une démonstration de sa compréhension de l'objet, de son aptitude à découvrir, de l'acuité de son regard, de son savoir-faire... Cira nous révèle un artiste qui a incontestablement atteint la pleine maturité d'une expression originale...

Camille Masrour, Galeriste franco-brésilien

Si le travail de Cira se situe dans la continuité de l'abstraction lyrique des années 60, ce sont avant tout ses séjours à l'étranger, dictés par des raisons professionnelles, et la découverte d'autres cultures et d'autres langages à travers les continents qui ont alimenté et enrichi son vocabulaire pictural...

Anette Gautherie-Kampa, Historienne d'Art